Quand le twit devient une arme boursière

Le 23 avril 2013, le Dow-Jones perdait 150 points en quelques minutes, suite à un faux tweet émanant du compte officiel de l'Agence Associated Press, l'une des agences de presse parmi les plus reconnues et les plus suivies aux Etats-Unis. Ce tweet annonçait qu'une explosion venait d'avoir lieu à la Maison Blanche, allant jusqu'à blesser le président américain Barack Obama. L'agence AP reconnaissait quelques minutes après avoir été "hackée" par un groupe dénommé l'Armée électronique syrienne, déjà à l'origine de Hacks sur les sites de CBS. Il n'empêche : cet "attentat" d'un nouveau genre avait créé un précédent. 

Twitter, une arme boursière ?

La première Tweet-Arnaque boursière ?

150 points sur le Dow-Jones peut parait un peu abstrait. En réalité, pour mieux comprendre, il faut ajouter que ces 150 points ont représenté une perte de 136 milliards de dollars de capitalisation sur cet indice. Bien sur, une partie de ces pertes ont été effacées par la remontée des cours aussitôt le canular découvert. Il n'empêche que certains, connaissant l'effet de ce Tweet, on pu profiter du désordre engendré pour réaliser de très gros profits. C'est du moins la thèse des enquêteurs de la SEC (le gendarme de la bourse américaine) et du CFTC (le comité technologique consultatif). 

Il s'agit donc bien de la première arnaque boursière à base de Tweet. Elle arrive d'autant plus mal que la SEC autorise désormais les entreprises à diffuser, en toute légalité, certaines informations financières importantes sur les réseaux sociaux comme Twitter ou Facebook, de la même façon qu'elles le font déjà, a précisé la SEC, « sur leur site internet ». Pour George Canellos, directeur de l'application des réglementations de la SEC, ce sont « des méthodes de communication parfaitement adaptées pour les investisseurs sauf si l'accès en est restreint ou si les investisseurs ne savent pas vers lequel elles doivent se tourner pour obtenir les dernières nouvelles publiées". 

La bourse démunie

Plusieurs éléments sont troublants, notamment des mouvements suspects constatés sur certains produits financiers et notamment 28 contrats à court terme, qui auraient été négociés, dans les cinq minutes qui ont suivi le Tweet frauduleux, en très grande quantité. John Nester, le porte-parole de la SEC a prévenu "Nous ne nous limiterons pas à regarder le catalyseur de l'événement, mais aussi ses répercussions". Pour le commissaire de la CFTC, John Chilton, il faut rapidement mettre en place un "code de la route pour ces nouvelles technologies. Et particulièrement pour les réseaux sociaux".

Cela semble nécessaire, car les marchés financiers actuels semblent paradoxalement très mal préparés à ce genre de manipulation : en effet, les : les algorithmes des machines qui effectuent du trading de haute fréquence ont réagi de façon quasi instantanée à la diffusion du Tweet, enchaînant les ordres sans qu'un humain ait le temps de les arrêter ! Rien d'anormal : ces machines ne cherchent pas à savoir si l'information est juste ou pas. Elles sont programmées pour digérer les données et réagir au plus vite. Elles avaient déjà fait chuter l'action Apple en septembre 2011, suite à un autre Tweet envoyé par @Whatstrending. Il annonçait la mort du fondateur de la marque, Steve Jobs... avec un mois d'avance ! 

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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