Les Spreads de taux

La planète est désormais un monde clos, où tous les mouvements sont interconnectés et où toutes les décisions politiques et économiques majeures impactent l'évolution des marchés financiers. La théorie du vol du papillon, qui veut que le battement d'aile d'un papillon en Amazonie cause, par l'effet d'un enchaînement d'événements, un ouragan en Asie, n'est plus une théorie : c'est une réalité.

Le trader est au centre de cette agitation. Connecté au monde par différents fils d'actualité, sensible à l'impact que le moindre fait peut avoir sur les marchés qu'il surveille, il est plus "éveillé" que le grand public à cette globalisation de l'information. Il sait, notamment, l'importance des taux d'intérêt dans l'évolution des économies et mesure l'impact qu'un changement de ceux-ci peut avoir sur la croissance d'un pays, et la hausse ou la baisse de sa monnaie. Pour surveiller ces évolutions et prévoir leurs conséquences sur les marchés, il dispose d'un instrument précieux : les spreads.

Les Spreads et les déséquilibres

Ce sont les écarts entre taux d'intérêt. Sachant que la théorie économique a montré que l'écart de taux d'intérêt entre deux zones monétaires n'est jamais durable, ou qu'il est réglé par un ajustement de la valeur respective des deux monnaies entre elles, ces spreads sont de précieux instruments d'anticipation de l'évolution de certaines paires du Forex. Une hausse des taux d'intérêt dans un pays va attirer les investisseurs internationaux, qui voudront avoir de cette devise si profitable. Mais dans le même temps, il ralentira la croissance de l'économie. De plus, l'afflux de capitaux va rendre la monnaie de plus en plus chère en termes relatifs, ce qui amoindrira l'intérêt pour un étranger d'en détenir…

Après la crise de 2000, beaucoup d'investisseurs ont constaté une augmentation des écarts entre les taux d'intérêt entre pays. Par exemple, alors que les taux d'intérêt du Japon avoisinaient le Zéro, ceux de pays voisins comme l'Australie par exemple, s'envolaient pour atteindre jusqu'à 5%. La tentation était alors forte de profiter de cet écart pour emprunter en Yen (pour un coût presque nul) et placer en Dollars australiens (pour profiter des taux d'intérêt élevés assurés aux prêteurs).

C'est ce qu'on appelle le "Carry Trade". Il a fonctionné plusieurs fois au cours des dix dernières années : sur le AUD/JPY, le AUD/USD, le NZD/USD et le USD/CAD. Le spread de taux de 2,5 points entre le dollar Australien et le dollar américain a conduit, entre 2000 et 2003 à une hausse de… 37% de la monnaie australienne. La même logique a été respectée ensuite, et notamment à partir de 2009, lors de la précédente crise de confiance. On a vu des écarts importants se creuser entre les rythmes de croissance de différents pays et les taux qui étaient servis aux prêteurs de capitaux… 

La Livre sterling, victime du Carry Trade

Aujourd'hui, c'est la livre qui est en train de prendre le rôle de monnaie de Carry Trade. « La livre prend clairement la pente glissante empruntée par le yen et risque d'être la prochaine grande monnaie à subir une correction majeure », estimait en mai 2013 Mansoor Mohi-uddin, responsable de la stratégie sur les changes chez UBS.

Elle affiche un score de "zéro" dans l'« indice de séduction » des devises établi par Kit Juckes et Sébastien Galy de SG CIB. Un score pitoyable, qui s'explique par des fondamentaux peu attrayants (taux d'intérêt faibles, croissance faible, déficits extérieurs…) malgré une baisse de près de 20 % de son taux de change effectif depuis 2008. "Il ne fait aucun mystère que la Banque d'Angleterre souhaite une devise plus faible pour rééquilibrer l'économie de la demande intérieure vers le secteur des exportations » commente Chris Turner d'ING. Cela en fait une devise idéale pour le « carry trade »… dès lors qu'elle aura stabilisé son niveau relatif par rapport aux autres devises. 

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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