La « TROÏKA », ça vous parle ?

Une « Troïka » de négociateurs pour accorder des aides financières

En politique internationale, le mot russe « Troïka », qui signifie « ensemble de trois choses », désignait à l'origine la représentation de l'Union Européenne (UE) au niveau de sa politique étrangère, en particulier avant l'entrée en application du Traité de Lisbonne (2007), qui marqua la création d'un unique Haut Représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Depuis la crise des dettes souveraines des Etats de la zone euro survenue à partir du printemps 2010, le mot « Troïka » a changé de signification.

Il désigne désormais un comité d'experts représentant les 3 principales entités institutionnelles qui sont directement impliquées dans l'aide conditionnée qui a été accordée aux Etats de l'UE qui rencontrent de graves difficultés financières : la BCE (Banque Centrale Européenne), la Commission européenne, le FMI (Fonds Monétaire International).

La Troïka est en particulier habilitée à négocier pour le FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) institué par les pays de la zone euro en mai 2010, mais pas uniquement : 1. les premiers 110 Mds€ « débloqués » (il s'agit de prêts à bas taux) en plusieurs tranches en faveur de la Grèce à partir du printemps 2010 ne sont pas gérés par le FESF, puisqu'ils sont prêtés directement par le FMI et les Etats de la zone euro selon des accords bilatéraux ; 2. des prêts ont été accordés par les pays de la zone euro à des Etats de l'UE non membres de la zone euro (à la Hongrie à hauteur de 20 Mds€ ; à la Lettonie à hauteur de 7,5 Mds€ ; à la Roumanie à hauteur de 20,6 Mds€).

Depuis le printemps 2010 en tout cas, la Troïka négocie avec les gouvernements concernés l'octroi de prêts et le déblocage des tranches prévues en l'échange de la mise en place de réformes visant à la restauration d'un équilibre des budgets des pays ainsi aidés.

Au sein de la zone euro, ces négociations ont en particulier été menées avec les représentants successifs de l'Etat grec, mais aussi avec ceux du Portugal (78 Mds€ de prêts débloqués par tranches entre mai 2011 et mai 2014), de l'Irlande (67,5 Mds€ débloqués de novembre 2010 à décembre 2013), de l'Espagne (100 Mds€ débloqués en juin 2012 pour la restructuration du seul secteur bancaire, une nouvelle négociation étant en cours pour un nouveau déblocage de fonds à la demande éventuelle de l'Espagne, au cas où l'Etat espagnol ne pourrait plus emprunter directement sur les marchés).

Exemples des négociations menées par la Troïka

A l'automne 2011, l'Etat grec s'est fait demandeur d'un nouveau prêt de 130 Mds€. Les représentants de la Troïka ont dès lors entamé des négociations comportant entre autres les commandements suivants visant à conditionner l'aide accordée : « l'interruption des conventions à durée déterminée et indéterminée dans le secteur public, l'instauration du chômage technique dans tous les organismes publics, le gel des retraites d'ici 2015, la fusion ou la fermeture d'une trentaine d'organismes publics, un plafonnement des retraites des fonctionnaires à 1700 euros par mois », etc.

Le gouvernement grec de l'époque a dans un premier temps annoncé qu'il soumettrait ces exigences à un référendum, avant de revenir sur cette annonce. Un accord évitant la faillite à l'Etat grec a finalement été conclu début 2012, accord comportant l'octroi de 130 Mds€ de prêts en plusieurs tranches en l'échange de nombreuses réformes des politiques publiques grecques, mais aussi de l'abandon de près de la moitié des créances détenues en obligations de l'Etat grec par des créanciers privés.

Autre exemple (inverse) de la teneur des négociations de la Troïka avec l'Etat grec, l'annonce faite début 2013 d'une pause de 6 mois visant à ne demander aucune nouvelle mesure d'austérité en l'échange du déblocage des tranches d'aide prévues.

Dernier exemple enfin, dans les rapports de la Troïka avec l'Irlande, celui d'un « satisfecit » décerné au gouvernement irlandais en juillet 2012 en regard de politiques publiques ayant permis à l'Etat irlandais de se faire de nouveau directement emprunteur sur les marchés.

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Arnaud Jeulin Responsable de la publication, Trader

Après un diplôme d'ingénieur, Arnaud a commencé une carrière de développeur. Il a travaillé avec des traders et des services de back office pour mettre en place des prototypes et des outils de trading. Il a ensuite créé sa propre entreprise en 2003.

Il a été responsable du webmarketing pour la Banque en ligne Suisse Synthesis, depuis rachetée par Saxo Bank. Il a aussi fait des audits pour différents brokers et participé à plusieurs salons professionnels pour les courtiers à Londres, Paris et Chypre.

Depuis 21 ans Arnaud a approfondi sa connaissance des brokers et des marchés, il utilise son expérience pour améliorer Mataf afin d'éviter d'orienter les visiteurs vers des brokers malhonnêtes ou des stratégies de trading dangeureuses.

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